WILLIAM HARVEY HOWE - SE

Nous avons l’honneur de recevoir cette semaine en exclusivité pour Reflexstaycold un invité de marque en provenance de Suède.

William Harvey Howe - Les Fleurs du mal

Perfectionniste au service du vivant, William Harvey Howe compose et recompose autour de l’épitome de la fleur, un sujet si fragile pourtant pourvu d’une singularité à l’épreuve de l’usure du temps.

AU MILLIMètre

Tout commence avec le dessin. Adepte du minimalisme, il n’utilise qu’un crayon et une feuille vierge. En tracant des lignes géométriques et asymétriques, il se découvre un intérêt pour l’architecture qui l’amenera à choisir cette voie comme premier exutoire. Ajoutant à son arsenal délibérément restreint une table, du papier de meilleure qualité et un kit de dessin, il s’épanouit tout en évitant les fioritures comme la couleur qui pourraient nuire à la pureté de son art.

Ce n’est pas sans volonté qu’il s’est essayé à différentes formes d’art, mais le constat est toujours le même : il cherche la simplicité. Quand j’évoque le terme simplicité, cela ne traduit pas un manque de technicité, cela veut simplement dire qu’il aime transmettre son art via un outillage limité qui apporte efficacité et la compréhension. Ses photographies florales dépourvues de distractions mais débordantes d’intensité en sont le parfait exemple.

Sa méthode de travail est accès sur un processus de calme et de méditation qui prend place de la préparation jusqu’au déclic final de la caméra. Il recherche l’image « simple » qui se concentre sur les détails de la fleur. Tout est une question de patience et de positionnement. Il travaille à son propre rythme : le temps est son ami, il n’a aucune raison d’accélérer. Il prend soin d’étudier le positionnement de l’ombre autour de son modèle comme si celui-ci immergeait des profondeurs d’une eau stagnante. 

Une fois la photo prise, advient la deuxième étape tout autant stratégique. Tout en continuant à épouser la courbe du temps, il met en effervescence son cerveau afin de donner à ce cliché simple en apparence son côté théatral, dramatique et peu conventionnel. Le développement est l’étape clé du paradygme William Harvey Howe, un moment de chaos maitrisé dans une temporalité ralentie par l’expérience. Le cliché se doit d’être exactement comme son esprit l’a imaginé, se fondant dans un décor absent de vie, laissant place à la beauté d’une nature fragile endeuillée par l’absence de vie autour d’elle.

NOIR ET BLANC

Pourquoi préférer la photographie en noir et blanc ?

Sa réponse : “ Tout simplement parce que cela supprime toutes distractions et laisse les courbes du sujet s’imprégner pragmatiquement dans son environnement. Un retour à la clarté. “

Admirateur de la puissance que l’image des fleurs peut dégager, il a toujours été intrigué par le contraste entre leurs faiblesses et leurs aptitudes physiques. Comment quelque chose de si visuellement impactant et évocateur peut se mourir si facilement.

Ce sentiment est surement dû à sa première fois, lorsqu’il a commencé à photographier les fleurs en utilisant sa méthode qu’on peut désormais qualifier d’automatisme. Un sentiment d’apaisement et de concentration a émané de cette situation. Lui, une fleur, un fond noir, il n’y a pas le droit à l’imperfection.

Tous les détails se doivent d’être précis, il ajuste un pétale et règle le focus de sa caméra au millimètre près, la pression ne doit pas interférer, le temps reste la clé. En utilisant des caméras plus lentes et plus larges, il obtient des images plus nettes et détaillées. Il assimile et évolue. 

BRUTALITé et FRAGILITé

La présentation de son travail est l’élément clé lorsqu’on lui demande ce qu’il souhaite améliorer dans la visualisation de son art. De nouvelles façons d’imprimer, différentes échelles, de nouveaux matériaux, tous ces aspects l’enmènent sur le terrain de l’exhibition. Comment exhiber et superposer ses œuvres dans un espace en perpétuel changement.

“ Une archive grandeur nature de mes compositions florales serait l’apogée de cette série” cite William Harvey Howe

Plutôt solitaire, son interprétation se prépare et s’exécute seule, alimentant son processus de bien-être, se canalisant sur son seul objectif sans distraction apparente. Il a cependant récemment pris part à une exhibition majeure en Suède, l’objectif étant de pouvoir faire partager au public certaines de ses créations jusque là garder à l’abri de tout regard.

POppY PODS

« Poppy Pods » ou coquelicots en français, est un cliché issu d’une série de fleurs séchées qu’il a exécuté lors de son anniversaire quelques années auparavant. Il les a photographiés en laissant transfigurer le chevauchement de ces cinq entités prisonnières pour l’éternité dans leurs sarcophages. C’est une œuvre qu’il considère comme « intemporel » de par la mise en scène, allégorie d’un hiver sans fin sublimée par un éclairage chirurgical combiné à l’aspect fort et à la fois fragile de ces êtres unique. Il envisage d’en créer un cliché à taille humaine pour en introduire chaque détails.

Fort de ses ambitions, il aimerait pour le moment continuer d’exercer à Paris, le studio avec lequel il travaille lui procure un confort artistique qu’il se voit mal délaissé. Il a plusieurs thématiques d’exhibitions en tête qui prendraient place dans la capitale.

Comme il le dit à plusieurs reprises dans cette interview, le temps est son allié dans sa quête de conception et après une période d’inactivité, il s’éveille avec un nouveau processus innovant complétement la conception de ses clichés. Son paradigme est d’un jour pouvoir vivre de son art, que l’on puisse accrocher ses œuvres sur nos murs plutôt qu’elles soient délaissées dans l’air taciturne de ses archives.

Un grand merci à WILLIAM HARVEY HOWE pour nous avoir partagé sa vision et son interprétation des portraits.

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