LEBLANSHADY
Nous avons l'honneur de recevoir cette semaine en exclusivité pour Reflexstaycold un invité de marque en provenance de la France.
LEBLANSHADY – Les Contrastes
Il le dit lui-même « L’émotion au service du vivant et de l’incertitude ». C’est comme s’il laissait planer un voile d’une finesse délicate sur son art. Ne pas se délimiter en laissant au lecteur entrevoir différentes perspectives d’interprétations qui aiguiseront leur jugement.
Les traces ou l’héritage
La fascination d’un homme pour son père. La culture et l’intérêt portait par celui-ci à la photographie ont forgé les prémices d’une ère de contemplation, d’apprentissage et de dévouement de la part de son fils pour cet art. L’achat de son premier boitier pour quelques centaines d’euros a servi de levier pour débloquer l’engrenage. Par pur plaisir, il accumule des connaissances techniques et créatives qu’il partage à ses deux fils avec dévouement.
Et pourtant, c’est à cette période que Shady s’investit corps et âmes dans un autre moyen d’expression visuelle, la danse. Voyant les limites de celle-ci en termes de longévité visuelle il décide d’incorporer les préceptes de son paternel et utilise dans un premier temps la vidéographie comme moyen d’immortaliser ses prestations.
Sans aucun doute, ces différentes interactions ont été la clef d’une bascule immédiate dans un médium capable de retranscrire les émotions les plus bruts sans filtres ou les contrastes engendre un sentiment d’égarement dans l’univers du photographe. Son attrait pour les portraits et le vivant s’expriment sans cesse au travers de clichés froids qui pour autant une fois décrypté par le regard dévoile l’intensité du moment immortalisé.
La redécouverte
Ayant délaissé la photographie pendant un certain temps. C’est à l’âge de 19 ans et après quelques discussions avec son entourage qu’il se convainc d’acheter son première argentique (ref / Minolta AF2). Tout reprend pour lui, passant de shootings urbains à paysagés il s’essaye, crée et se redécouvre. Après cette première année fructueuse et voyant l’intérêt commençant à croitre autour de ses clichés. Il investit sur lui-même en nouvel appareil (ref / canon AE1) qu’il lui permet cette fois-ci d’amener créativité et technicité à un nouveau palier. Conscient de son éveil la suite logique pour lui est une professionnalisation de son art, la passion qu’il l’anime le mène à se surpasser et chercher des projets à l’attente de ses ambitions. Avec le soutien de Kaydee, il perfectionne et repousse les limites de cette vision.
Shady s’axe instinctivement sur les émotions de l’humain. C’est cette primitivité qui l’intrigue, comment retranscrire l’intensité d’un moment sur du papier glacé. Ce n’est plus simplement une photo mais un voyage au travers de l’intimité de la personne qui lui fait face. Selon lui le regard joue le rôle d’un prisme conducteur pénétrant l’âme du protagoniste étudié.
Sa vision s’affine avec le temps, il n’est plus question pour lui d’arriver sans préparation (moodboard, schéma lumineux, post production, gestion du mouvement). Tous ces éléments se sont progressivement ajoutés logiquement à sa démarche artistique. Dans un monde en perpétuel évolution le photographe ne peut pas s’auto centré sur lui-même. Il doit s’ouvrir au travail de ses paires, étendre les frontières de son environnement en argumentant et échanger avec eux.
Suppression des frontières
En puisant dans La vastitude du monde qui l’entoure, son inspiration est constamment mise au défi. La musique qui a toujours prit une place majeure dans sa vie, reste le pilier dans sa manière d’affirmer et appréhender ses émotions. Elle fait partie du processus qui le plonge dans sa bulle créative. Du trajet jusqu’au lieu du shooting, de sa préparation jusqu’aux retouches, elle l’accompagne, le guide et implémente sa quête de sens. Ceux sont des lyricistes comme Luidji ou encore Nekfeu utilisant leur mot comme exutoire qui l’inspire. Le documentaire de ce dernier a grandement contribué à la réalisation de son court métrage autour de la solitude.
Comme cité précédemment ses paires l’élèvent dans son médium, la manière dont ils réfléchissent, agissent et interprètent le monde qui les entoure reste une source d’inspiration intarissable pour lui. De la direction artistique millimétrée de Bilal El Kadhi aux créations époustouflantes de Gabriel Moses en passant par la finesse d’exécution de Thibaut Grevet, c’est parmi eux qu’il s’épanouit et se réinvente. Ayant été récemment subjugués par les travaux de Paolo Roversi lors de son exposition au palais Galliera, Il entrevoit une nouvelle perspective artistique à explorer.
Pour citer une dernière personne qui l’a beaucoup inspiré et qui continu de le faire dans son quotidien, il y a Ndjoli Jean, créatif influent au sein de la direction artistique francophone.
La culture asiatique est également une porte d’entrée à la compréhension de certaines de ses œuvres.
Le court métrage
Parmi ces projets phares, « Alone », un court métrage personnel et collaboratif mettant en évidence le talent de son entourage dans leur univers régulé par la solitude. Des contrastes durs montrant la froideur d’un univers qu’il a toujours côtoyé. C’est son meilleur ami qui s’occupe de la bande son, les membres de son collectif de danse sont figurants et son frère gère le montage et l’étalonnage.
On ressent une nouvelle fois l’influence de Nekfeu dans l’énergie du projet, notamment au travers de la bande son et du visuel qui reprend certains codes de son documentaire « Les étoiles vagabondes ».
Sans se plonger dans la lassitude d’une vidéo sans fin il préfère réunir des images fortes qui parleront au plus grand nombre. Le sentiment final doit être marqué par l’incompréhension et l’incrédulité des scènes qui s’entrechoquent.
Ce fût son premier projet en tant que réalisateur et compositeur, une facette de lui qui a pu surprendre positivement son public, en lui ouvrant de nouvelles voies à explorer dans son médium. Par la suite, il fût contacté pour réaliser différents clips vidéo en lient avec ce projet, une fierté supplémentaire qui le conforte dans la direction qu’il a entrepris quelques années auparavant.
RENDEZ-VOUS
En 2022 il réalise sa première exposition en solitaire intitulée « A travers » qu’il finance grâce à ses propres moyens. Il reçoit pour celle-ci de nombreux échos positifs de la part de son public et de son entourage. Sa compréhension de l’importance d’avoir des soutiens solides dans son cercle restreint l’anime, et il saura leur rendre la pareille quand l’opportunité se présentera.
Dans un futur proche et lointain, l’édition de son premier livre serait un succès notoire qui marquerait sur du papier blanc des années de travail acharnées. La direction qu’il entreprend actuellement façonne son futur : s’établir dans la mode et la musique comme le protagoniste centrale capable d’imprimer dans la mémoire la nostalgie des créatifs. Même si la photographie reste son domaine de prédilection, une évolution progressive dans la vidéographie et la réalisation s’augure.
Ses ambitions sont et resteront de transmettre et retransmettre les émotions qui l’auront fait vibrer au cours de sa vie.
Un grand merci à LEBLANSHADY pour sa participation à cette interview qui démontre une nouvelle fois le talent de la photographie francophone à l’internationale.